7 juin, Linda et Pete m'ont conseillé de me lever tôt à cause de la chaleur.
Mais ils m'attendent à la table du petit déj en entonnant "Happy birthday to you", et sur mon assiette je trouve une jolie carte et de petits cadeaux de cyclistes : des sticks de café instantané, des barres de céréales, des petits sachets pour améliorer l'ordinaire du bidon. C'est juste génial d'être fêtée par des inconnus (qui ne le sont plus tout à fait ) à l'autre bout du monde.
Pete est un supporter de Bernie, et ne s'en cache pas. |
Pete me fait quelques dernières recommandations et je pars assez rapidement pour récupérer le trail le long du Colorado,.. que je ne récupère pas car un cycliste vient m'informer qu'il est inondé un peu plus loin.
Bon, alors je prends plus classiquement River road,puis la highway 6 jusqu'à Fruita où je fais quelques achats, car Pete m'avait dit que c'est le dernier magasin où je peux me ravitailler. Ce n'est pas que je ne l'ai pas pris au sérieux, mais honnêtement je pensais trouver quelques stations service sur ma route. Mais non! Quand on dit que c'est le désert, c'est le désert! Et je l'apprends à mes dépends, car cette journée et la suivante vont être les plus terribles. La température est très élevée, l'air est très sec (on me dit qu'il n'y a que 7% d'humidité),mes bidons se vident à toute allure.
Après la fin de la Highway6, il me faut prendre
l'Interstate 70, avec un vent de face qui m'épuise. On quitte le Colorado pour entrer dans l'Utah.
Heureusement, sans que je n'ai jamais rien demandé, plusieurs fois on me propose de l'eau : la première fois au rest area, où mes espoirs de trouver de l'eau avaient été déçus, une femme me remplit mon bidon d'eau bien fraiche. Puis plus loin sur l'interstate, une voiture de chantier qui refait la voie s'arrête à mon niveau et me file 2 petites bouteilles d'eau purifiée.
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Au loin, La Sal mountains |
Un peu plus tard, en prenant la route 128, alors que j'ai réalisé que toutes les sorties indiquaient " no services" ( ni wc, ni eau, ni essence, ni réseau) , je reprends espoir en repérant la ville de Cisco sur ma carte. Et bien, c'est une ville fantôme ! Elle servait de halte à la ligne ferroviaire et il n'y a plus personne aujourd'hui.
Je viens de lire sur wiki qu'elle a servi de décor à une scène de "Thelma et Louise". Bref, c'est pas là que je vais me ravitailler en eau, alors que j'essaie de faire durer les dernières gouttes de mon dernier bidon. Et pourtant, une voiture s'arrête et me demande si j'ai assez d'eau. Le conducteur m'informe qu'il n'y aura rien dans les 50 km qui suivent et insiste pour me donner une bonbonne de 3 litres.
J'ai l'impression que je n'avais pas pris la mesure de la réalité du désert.
Bon, avec ces 3 litres,je suis plus sereine, mais le vent et la soif m'ont épuisée et je roule avec difficulté. Les miles sont interminables, et même en descente je n'avance pas. Je sais que dans la 2ème partie de cette route,il y a plusieurs campings au bord de la Colorado river, et je me languis d'y arriver.
Je rencontre un autre voyageur, un cycliste de Californie mais qui voyage en pickup , qui veut m'aider : il s'avance pour repérer ce camping et revient vers moi pour m'annoncer qu'il n'est plus très loin, repart et m'attend de nouveau à l'entrée du camping, me fait du change pour m'aider à rassembler le compte exact à mettre dans l'enveloppe. Je raconte tout ça en détail car je suis touchée de l'attention et de la sollicitude de toutes ces personnes qui se sont souciées de moi aujourd'hui. Si ça se trouve, sans eux, je serais morte de soif:-). Un comble le jour de son anniversaire !
Et les bonnes surprises ne sont pas finies, car à peine j'ai repéré un emplacement disponible que mes voisins, un couple de retraités de Grand Junction, me proposent une bière, puis deux, et sortent de quoi faire un petit "snack" comme ils disent, et nous restons jusqu'à la nuit à discuter avec animation.
Pendant que je monte ma tente, je repense à cette journée exténuante, à mon inconscience, et à la chance que j'ai eue tout au long de la journée, et ça me rend assez euphorique.
Bien sûr pas question de prendre une douche, et s'il ne faisait pas nuit, je serais bien tentée de me baigner et de me décrasser dans le Colorado. J'oubliais de dire que le décor au bord de la rivière est de nouveau superbe.
Le fait d'avoir cette grosse bouteille d'eau me rassure et je sais que je n'ai pas à m'inquiéter pour demain.
La Colorado river depuis mon emplacement de camping. |
Le lendemain, je sais qu'il ne me reste que 35 miles jusqu'à Moab, mais je n'ai pas vraiment récupéré de la veille, et tous les efforts me coûtent. Heureusement le paysage est absolument exceptionnel. Je vous laisse apprécier.
Je retrouve de l'eau fraîche 2 miles avant Moab, à l'intersection avec la highway 191.
Je me rends chez mon hôte Gerrish qui me confie sa maison car il doit sortir. En fait je vais rester là 3 nuits et il n'est presque jamais là!
Il prend quand même le temps d'arranger pour moi un "tour" au Arches national park pour demain matin.
Le soir, je vais dîner chez Eddy Mcstiff, avec une délicieuse bière ambrée locale, en écoutant deux musiciens, et voilà j'apprécie la civilisation!
oups la belle tu vis dangereusement..... tu étais bien seulette sur cette route et heureusement que la solidarité des routes t'a aidée,et bien sûr que sur le vélo tu ne pouvais pas embarquer une citerne, mais en voyant la route, même magnifique, on comprend que tu as été courageuse! allez profite de tes trois jours de pause pour reprendre des forces et fêter dignement cet anniversaire!bisousss m@rtine
RépondreSupprimerHé Bé ! Tu t'es fait une "belle" montée d'adrénaline ! Bon heureusement ça s'est bien fini ; voilà une expérience que tu ne devrais pas oublier ! Bravo pour ton courage et tes efforts ! Les paysages sont superbes, c'est grandiose. Et tes hôtes vraiment adorables et touchants. J'ai tardé à écrire parce que j'ai hébergé une warmshower de 22 ans qui vient de Innsbruck et se dirige vers San Sebastian avant de revenir pédaler en France. Je lui ai montré tes dernières images ; elle était très enthousiaste. Bon ben essaie de faire attention à toi tout de même, hein ; et bonne continuation, Bises
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